Face a la crise, la viticulture en tant que cause nationale en 2025

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Face à une crise inédite et d’ampleur, l’agriculture et la viticulture doivent être la grande cause nationale en 2025.
Tout laisse à croire que l’avenir des AOC est entre les mains du destin. A commencer par la météo, peu clémente voire catastrophique sur cette campagne, les marchés résolument atones ou encore l’opinion publique qui voit son amour pour le vin et les eaux-de-vie s’étioler. Alors que les vendanges 2024 ont débuté dans la morosité quasi générale, la nomination tant attendue d’un Premier Ministre sonne le temps de la concertation. Si on a l’impression qu’il y a péril à tous les étages dans la filière, (production, commercialisation, consommation), il y a tout de même des raisons d’espérer. Point de rentrée avec la CNAOC sur les propositions concrètes et les priorités.

Un cap, des priorités : simplifier, rémunérer, transmettre

La nomination du Premier Ministre a généré 1 million de publications sur le réseau social X, et des attentes encore plus grandes dans la filière viticole AOC. En priorité, la nécessité de définir une vision stratégique sur le long terme : comment veut-on accompagner l’évolution des cahiers des charges pour concilier adaptation au changement climatique et création de valeur, comment créer un cadre de protection et d’attractivité des indications géographiques (AOC-IGP) vis-à-vis des producteurs et des consommateurs, comment soutenir les 59 000 exploitations sur une campagne qui a tendu les trésoreries, fragilisé les marchés traditionnels et éprouvé les vignerons… ?

Autant de questions traitées à la CNAOC et au sein des organisations nationales, qui seront posées au ministre de l’Agriculture avec un objectif : créer des conditions confortables pour les vignerons de demain. 

« Les premiers mois du Gouvernement Barnier vont coïncider avec la publication du rapport de la Commission européenne sur l’avenir de l’agriculture. De quoi attendre qu’un cap soit fixé rapidement et en concertation avec nos organisations viticoles pour nous permettre de regarder plus loin que la campagne suivante. » commente Jérôme BAUER, Président de la CNAOC.

Il n’y a pas de petites victoires. La CNAOC mettra plusieurs dossiers brûlants en haut de la pile tels que les vignes en friches qui représentent un danger d’autant plus grand qu’elles vont se multiplier avec les difficultés économiques à venir. L’objectif : trouver un dispositif qui permette de répondre à toutes les réalités (successions, indivisions, abandon de fermage, propriétaire récalcitrant ou en grande difficulté financière) et qui soit facile et rapide dans sa mise en œuvre. Il y a aussi la question de la transmission qui est désormais une marotte bien connue pour faciliter les cessions intrafamiliales via un « Dutreil agricole », réclamé depuis longtemps par la CNAOC. Enfin, l’application d’Egalim 4 à la filière viticole sera un dossier prioritaire, avec l’objectif d’une construction plus juste des prix à partir d’indicateurs fiables ou encore la sécurisation des contrats amont et aval.

Dans ce contexte, faut-il espérer « moins mais mieux » de textes législatifs et règlementaires ?

La configuration parlementaire rend la tâche difficile aux organisations nationales mais elle réduit mécaniquement le nombre des textes qui seront soumis au Parlement et encore plus leurs chances d’aboutir. De quoi réduire « l’inflation législative » et répondre à la demande de la filière d’instaurer une pause règlementaire.

« Il n’y a pas que nos parlementaires qui peuvent nous aider à faire avancer des dossiers importants. Nous poursuivons avec l’administration des chantiers qui sont essentiels : celui de la simplification avec Bercy par exemple, mais aussi de l’expérimentation avec l’INAO via les cahiers des charges avec la directive des VIFA et les nouveaux DEI notamment, qui sont de vraies réussites. Je suis convaincu qu’il faut miser sur nos cahiers des charges pour renforcer nos AOC : expérimenter, innover, aller vers plus de durabilité, répondre aux impératifs de marché, tout en respectant l’origine, la qualité. » explique Jérôme BAUER.

Michel Barnier déclarait en 2007 que « la viticulture française a tout pour être un pôle d’excellence de notre agriculture. La vigne est totalement indissociable d’une multitude de paysages de France. Le vin est au cœur de notre patrimoine gastronomique et culturel. » La CNAOC ne manquera pas de lui rappeler ces propos. Un pôle d’excellence, oui, mais qui doit être une priorité pour son gouvernement sous peine d’une mort à petit feu.