Elections législatives : ce qu’il faut retenir du scrutin
- Infos internationales
- Infos nationales
Quel avenir pour nos AOC ?
Les élections législatives anticipées ont débouché sur une configuration inédite. Ce scrutin historique, dont l’issue a déjoué tous les pronostics, fait entrer le pays dans une nouvelle ère politique, nos AOC avec. Après une campagne éclair et tumultueuse sur le terrain, quelles sont les perspectives pour la filière viticole ? Que peut-on attendre de cette nouvelle Assemblée nationale alors que l’agriculture a été la grande absente des débats lors de ces élections ?
Pas de majorité absolue, trois groupes en tête : la possibilité d’un blocage institutionnel se rapproche
Surprise générale. La toute nouvelle formation politique – le Nouveau Front Populaire – s’est hissée au premier rang. 155 circonscriptions changent de couleur politique : 80 ont glissé à droite et 75 à gauche par rapport à 2022. 30% des députés sont nouveaux avec un bloc triparti en tête :
• Le Nouveau Front Populaire compte 182 députés élus, avec une forte progression des socialistes qui doublent leur nombre de sièges.
• La coalition de la majorité présidentielle – Ensemble – comptabilise 168 députés élus (-77 députés), dont 98 pour Renaissance.
• Le RN-LR n’arrive qu’en troisième position avec 143 députés mais réalise la plus grande progression en sièges avec +54 députés.
• Quant aux LR (sans Eric Ciotti), ils envoient 60 élus dans le nouvel hémicycle, un score quasi identique aux dernières législatives.
• Autres forces politiques : 13 divers gauche, 11 « autres » sans étiquette.
Du côté des députés à sensibilité agricole, la plupart « sauvent » leurs sièges, avec une apparente stabilité pour la filière viticole qui compte 14 agriculteurs dans l’hémicycle :
• Ensemble : l’actuel ministre de l’Agriculture Marc Fesneau (MoDem, Loir-et-Cher), Hubert Ott (MoDem, Haut-Rhin), Louise Morel (MoDem, Bas-Rhin), Sophie Mette (MoDem, Gironde), Pascal Lecamp (MoDem, Vienne), Thomas Cazenave (Ren, Gironde), Stéphane Travert (Ren, Manche), Charles Sitzenstuhl (Ren, Bas-Rhin), Benjamin Dirx (Ren, Saône-et-Loire), Jean-René Cazeneuve (Ren, Gers), François Cormier-Bouligeon (Ren, Cher), Sandra Marsaud (Ren, Charente), Lise Magnier (Horizons, Marne), Xavier Albertini (Horizons, Marne).
• NFP : André Chassaigne (PCF, Puy-de-Dôme), Marie Pochon (Écologistes, Drôme), Aurélie Trouvé (LFI, Seine-Saint-Denis), Dominique Potier (divers gauche, Meurthe-et-Moselle), David Taupiac (Parti socialiste, ex-Liot, Gers), Sylvain Carrière (LFI, Hérault).
• RN : Jean-Philippe Tanguy (RN, Somme), Hélène Laporte (RN, Lot-et-Garonne), Christophe Barthes (RN, Aude), Philippe Lottiaux (RN, Var), Stéphanie Galzy (RN, Hérault).
• LR : Julien Dive (Aisne), Anne-Laure Blin (Maine-et-Loire), Raphaël Schellenberger (Haut-Rhin), Justine Gruet (Jura), Fabrice Brun (Ardèche), Valérie Bazin-Malgras (Aube), Emilie Bonnivard (Savoie)
• Autres : Charles de Courson (LIOT, Marne).
D’autres font leur entrée, comme la ministre déléguée à l’agriculture, Agnès Pannier-Runacher (Ren, Pas-de-Calais) ou Benoît Biteau (Écologistes, Charente-Maritime).
Enfin, quelques soutiens de la viticulture ne sont pas réélus : Grégoire de Fournas (RN, Gironde), Didier Paris (Ren, Côte-d’Or), Eric Girardin (Ren, Marne), Pascal Lavergne (Ren, Gironde), Anne-Laure Petel (Ren, Bouches-du-Rhône), Anne-Laure Babault (MoDem, Charente-Maritime).
« Dans le domaine agricole, nos soutiens sont très morcelés au sein des différents blocs et nous allons devoir parler à tout le monde pour défendre les sujets de la viticulture. Les députés Ensemble devraient jouer un rôle central, car au centre de l’échiquier et donc les seuls à-même de former des majorités lors de l’examen des différents textes. A gauche, il faudra également sensibiliser les différentes composantes du NFP, première force à date à l’Assemblée, comme le RN, dont plusieurs parlementaires sont issus de circonscriptions viticoles. Nous devrons ainsi pousser nos députés à travailler sur le modèle Allemand : pour la filière viticole, il y a des opportunités à construisant des coalitions de vote. »
résume Jérôme BAUER, Président de la CNAOC
Privé de majorité, l’hémicycle pourrait devenir l’épicentre des jeux politiques. Même si les trois précédentes cohabitations ont produit une jurisprudence clarifiant les prérogatives de l’exécutif, sans vainqueur clair, il y a un vrai risque de blocage institutionnel, avec la menace de motions de censure répétées à l’Assemblée nationale, ce qui pourrait aboutir à la succession rapide de plusieurs gouvernements.
Quelle politique agricole après le 7 juillet ? 6 priorités que les AOC comptent bien faire connaître à la nouvelle Assemblée.
La prochaine étape est la nomination d’un Gouvernement. Si les institutions n’imposent aucun calendrier pour former un gouvernement, celui-ci devrait être nommé après la mise en place de la nouvelle Assemblée qui élira son Président(e) le 18 juillet prochain. Viendront ensuite la composition des groupes politiques et commissions permanentes du nouvel hémicycle d’ici le 20 juillet.
De grandes inconnues demeurent sur la formation du prochain Gouvernement, sa composition et par conséquent le calendrier politique qui en découle. Le processus d’élaboration de la loi de Finances a déjà pris du retard. Les propositions agricoles du NFP – qui pourrait accéder à Matignon – ne mentionnent ni la reprise des travaux sur la LOA, ni le chantier sur les simplifications administratives.
Dès l’été, la CNAOC avec l’appui de ses fédérations régionales fera connaître les 6 priorités nationales pour bâtir la viticulture de demain :
• Reprise du chantier sur la simplification administrative,
• Faciliter la transmission dans le prochain PLF,
• Garantir des prix rémunérateurs au producteurs dans la prochaine loi Egalim4,
• Harmonisation des règles européennes en particulier sur l’environnement,
• Maintien d’une fiscalité équilibrée en s’opposant à la hausse des taxes sur le vin (prix minimum) dans le PLFSS
• Pérennisation du dispositif TO-DE pour les travailleurs saisonniers dans le prochain PLFSS pour dynamiser l’emploi saisonnier
Avec un message pour accompagner ces 6 priorités : la viticulture et nos appellations ont besoin d’un cap clair pour avancer !
La viticulture peut-elle compter sur un Front républicain ?
Si le grand vainqueur de ces élections est bien le Front Républicain, la constitution d’une Assemblée et d’un Gouvernement dit de coalition semble s’éloigner si l’on en croit les déclarations politiques au lendemain du scrutin.
« Si un gouvernement minoritaire est nommé, il est possible qu’il faille chercher des majorités au cas par cas pour voter les différents textes. Dans tous les cas, nous œuvrerons de manière Trans partisane à ce que les sujets agricoles puissent faire consensus ; les premiers échanges que nous avons eus avec les différentes listes laissent penser qu’il existe de nombreux points communs dans la vision de l’agriculture et de la viticulture comme par exemple le soutien aux revenus agricoles » conclut Jérôme BAUER.
Ces premières analyses devront être consolidées dès que le nouveau gouvernement sera en place et que les interlocuteurs agricoles de la filière seront connus. Pour l’heure, le gouvernement reste en place et expédie les affaires courantes.