Elections européennes : CAP immédiat sur la PAC !
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L’Europe du vin s’écrira à Bruxelles. Si en France, le scrutin a été largement favorable à la liste Rassemblement national (31%) en Europe, les résultats montrent un Parlement un peu plus à droite qu’en 2019, mais sans que les équilibres soient chamboulés. En revanche, il faut s’attendre à des recompositions de certains groupes politiques du fait des eurodéputés non affiliés. Et l’enjeu pour la viticulture AOC sera de faire entendre sa voix dans ce nouveau contexte politique.
Les équilibres politiques conservés en Europe mais l’agriculture
réduite à la portion congrue
Les Etats-membres terminent de compiler les résultats définitifs mais
sans surprise, les trois grandes forces de coalition resteront
inchangées en Europe : la droite conservatrice (PPE/LR) reste le
premier groupe de l’hémicycle, avec 186 élus (+ 15 par rapport à 2019). Les
sociaux-démocrates (S&D/PS), avec 135 sièges (– 4) sont toujours en second
position. Puis les libéraux et centristes (Renew/REN) avec 79 sièges (– 19)
perdent du terrain mais demeurent un groupe pivot avec lequel il faudra
vraisemblablement composer.
Les groupes de droite nationaliste ou
souverainiste d’Identité et Démocratie (ID/RN) et des Conservateurs et
Réformistes européens (CRE/Reconquête) progressent avec respectivement 58 et 73sièges
et restent en 4ème position des forces représentées car les progressions de
sièges sont concentrées sur la France, l’Italie et les Pays-Bas. La
recomposition de l’extrême droite européenne sera l’un des enjeux majeurs de
l’après-européennes. Les Verts (Greens), perdent du terrain et conservent
seulement 53 députés (– 18) et l’extrême gauche (Left), elle, perd un élu avec 36
sièges.
55 nouveaux députés sont non affiliés
et leur ralliement à l’un ou l’autre des groupes politiques européens peut
encore modifier les équilibres de coalition. Les divisions croissantes entre
les délégations nationales au sein des groupes pourront néanmoins entraîner des
majorités différentes sur chaque question politique, ce qui entraînera une
grande incertitude lorsqu’il s’agira d’anticiper les votes.
En France, parmi les 81 eurodéputés élus, on
compte peu de profils d’agriculteurs. Une dizaine d’entre eux ont cependant déjà
déclaré leur intention de s’investir sur les enjeux agricoles : Pascal
Canfin (REN), ancien Président de la COMENVI, Christophe Clergeau (PS/PP),
ancien membre de la COMENVI, Valérie Deloge (RN), éleveuse d’ovins et
conseillère régionale de Saône-et-Loire, Gilles Pennelle (RN), Président du
groupe RN au Conseil régional de Bretagne, Eric Sargiacomo (PS/PP), Conseiller
régional de Nouvelle-Aquitaine ou encore Céline Imart (LR), exploitante
céréalière du Tarn et ancienne porte-parole de l’organisation Intercéréales. La
filière vin perd également plusieurs « défenseurs » historiques dont Anne
Sander (LR), Irène Tolleret (REN) et Jérémy Decerle (REN).
Et maintenant ? Un peu plus d’un mois pour dessiner la nouvelle
gouvernance de la prochaine mandature
Les tractations
commencent au sein des groupes politiques pour se répartir les postes clés (top
jobs, président, vice-présidents, coordinateurs etc…). Les députés devront
exprimer, courant juin, leurs préférences pour le choix des commissions
parlementaires. Ce mercato va durer cinq semaines, jusqu’à la session
constitutive du nouveau Parlement européen prévue du 16 au 19 juillet. Les
commissions AGRI et ENVI (et toutes les autres) devraient être constituées
d’ici le 22-25 juillet.
Il est trop tôt
pour dire si l’Intergroupe Vin sera renouvelé, bien que nous puissions être
optimistes avec l’annonce récente de la Commission Européenne de créer un
Groupe à Haut-Niveau pour la filière vin. Ce dernier aura pour objectif de
faire travailler les Etats-membres et les parties prenantes sur l’avenir de la
filière vin en formulant des axes stratégiques, notamment pour la prochaine
PAC.
En coulisses, les groupes
négocieront aussi, d’ici la plénière, le futur accord de coalition. Le
programme de la Commission européenne se dessinera au cours de ces semaines
décisives. En parallèle, les 27 chefs d’Etats et de gouvernement vont se réunir
à deux reprises en juin pour s’accorder sur un nom pour la présidence de la
Commission. Ils doivent également finaliser et adopter l’agenda stratégique
2024-2029.
Pour nos AOC, le CAP est mis sur la PAC 2027 dès à présent !
La réforme de la PAC devrait
être lancée à la mi-2025 et un rapport de l’unité vin sur l’avenir de la
filière est attendue pour fin juin 2024. Pour nos AOC, l’enjeu est de définir
un cadre réglementaire et une politique viticole européenne permettant de
répondre au marché et de créer de la valeur pour les acteurs du secteur tout en
facilitant l’adaptation au changement climatique.
Pour cela, la CNAOC travaille
avec EFOW (European Federation of Origin Wines) pour définir une position sur
les attentes du secteur des vins d’appellation avec les pays membres de
l’organisation : mesures de marché, durabilité, régime des autorisations de
plantation et de replantation, étiquetage, renforcement de la boite à outil «
verte » dans les programmes vin des Plans Stratégiques, ou encore politique de promotion.
Autant de sujets qui pèseront directement sur l’évolution du cadre
réglementaire et la compétitivité de la filière viticole française.